samedi 7 juin 2008

Rémi Kerfridin


Un illustrateur est il un artiste ? Evidemment, dans mon petit monde, non non non, c'est un artisan.
Mais en ce qui concerne Rémi Kerfridin, on va un peu au-delà. Il dessine, notation juste et chaude du paysage et des mouvements humains, aussi chaude qu'il sourit souvent.
Depuis qu'il dessine, l'édition sur la région de Toulon est devenue heureuse.
Ce dont il a l'art, c'est de transformer le regard des autres. Pas mal, pour un artisan dont l'ensemble du travail garde toujours le même niveau de qualité.
Il y a quelque chose d'enfin tranquille dans le regard sur ici qu'il a fait changer, certainement sans le vouloir, sereinement.
Evidemment (et encore une fois de plus) son nom laisse supposer qu'il vient d'une autre rive, ce qui grandit l'affection qu'il crée sur la beauté de la nôtre. Ce qui me fait penser qu'il y a ici un regard particulier sur la présence de l'étranger, contradictoire souvent mais permanente, richesse toujours vécue paradoxalement. Il y a vingt ans, Toulon n'était jamais regardée, jamais analysée, et il n'y avait strictement aucune édition locale.
Depuis 1995, inversement de tendance, jamais il n'y a eu autant de publications où l'on écrit, photographie, dessine ce qu'il y a ici. Le choc de l'élection d'une municipalité Front National avait créé la première vague d'édition de livres, chacun y allant de son hypothèse et de son regard, et la présence d'un grand éditeur, Mourad Boudjellal, capable de prendre des risques et d'agir grandeur nature, avait fait le reste.
Rémi Kerfridin à lui tout seul est le second phénomène qui a tiré la rade de l'ombre. Avec une modestie, avec une chaleur et une perfection qui vont plus loin sans grands mots.
L'idée même qu'il y a ici un patrimoine a été redécouverte et acceptée en majeure partie grâce à lui. Si une chose peut-être être dépeinte par Kerfridin, c'est qu'on pourra voir sa beauté.
La couverture de son dernier livre le prouve, bien qu'elle ait été prévisible. D'un côté, la très belle église baroque du cours Lafayette, longtemps diluée dans l'ancienne nonchalance urbanistique, de l'autre, ce que les toulonnais ont toujours abhorré mais que Renaud Camus, dans un livre coquin, désignait comme "la frontale du port que l'on verra certainement un jour comme un bel ensemble IVème République". C'est fait, le ministère de la culture consacre même un site internet entier au phénomène.
Rémi Kerfridin est le premier qui aura su dessiner cela en le reliant à tout son environnement.

vendredi 6 juin 2008

Josée Sicard


Elle joue du regard à travers toutes les technologies qui sont à sa disposition.
Josée Sicard propose avec constance un travail qui m'a toujours semblé à la fois curieusement lisse et critique à la fois.
Cultivé, sophistiqué, son travail va de pair avec une sorte de sens des responsabilités qui sonne curieusement avec ce qu'elle cherche à exprimer, avec une modestie contredite par sa capacité de perfection, sur la condition humaine au temps des technologies de la perception. Sur les avatars de l'image de soi au creux de la vie quotidienne, toujours dans une perspective qui fait que toute l'histoire de l'art se met en lien avec les façons les plus banales de regarder et d'être vu.

Ian Simms


Il ne fait pas de bruit bien qu'il soit joueur et expansif.
Il est facile de savoir qu'il sait travailler le bois, plus difficile de savoir qu'il a un travail de longue date, enraciné depuis qu'il est parti d'Afrique du Sud et, c'est rare ici, d'un grande liberté d'utilisation des tous les jeux de média de toute sorte.
On y trouve un grand recul sur l'histoire des hommes, l'idée des choses brutes, le respect et la dérision sur les valeurs et croyances qui faussent le regard d'une civilisation sur l'autre.
Il y a là dedans un très étrange et généreux écho aux dialogues rudes qui existent en Méditerranée et à ceux qu'il a laissé derrière lui en Afrique du Sud.

Raoul Hébréard


A pas sûrs, originaux, d'une culture et d'une simplicité qui voguent dans l'air du temps avec une capacité de réflexion et de recul tendre sur le monde qui vibre, Raoul Hébréard est un ovni très calculé qui correspond totalement à un grand nombre de mes soucis permanents, ceux qui me connaissent l'auront certainement anticipé.
Dommage qu'il ne voyage pas plus, il ramènerait ici toutes sortes de choses inattendues.

Solange Triger


Longtemps elle a peint et je lui trouvais quelque chose de commun, une veine avec Plagnol et certains peintres (oui, oui, au sens peinture d'ici et maintenant).
Peu à peu, de sa présence discrète s'est dégagé un travail un peu plus complexe; beaucoup de dessins notamment. Elle dessine les éléments du paysage, la vie des éléments quand ils donnent à voir une forme qui émeut.
J'ai choisi un dessin nommé banquise.
Elle est née au Maroc, elle a fait tout un itinéraire raffiné à Toulon, s'y est fait reconnaître sans avoir à partir bien qu'il lui arrive d'exposer un peu partout.
Dans les affinités qui se dessinent dans ces pages, je n'imaginais pas avoir à ressentir et dire que la fine précision de sentiments qui accompagne ses travaux va de pair avec le fait qu'il y a ici beaucoup de photographes et que l'idée de dessin y prend un sens.
Et, mais c'est un autre sujet, m'amuse le fait que plus loin ici j'ai pris plaisir à parler de Delacroix orientaliste, choisissant ici pour changer d'espace en revenant du Maroc où sa vision du monde et de son travail avaient changé.
Nous restons dans le même espace et les mêmes rives et montagnes, des lumières qui ont une fraternité et des éclairs, et un même sens de la notation et des mythes personnels.

jeudi 5 juin 2008

Charles Louis La Salle


Oui, j'ai craqué !
Je me retiens depuis trois mois et quarante-six artistes de faire entrer ici Charles Louis La Salle.
Pourquoi, allez je me lâche même si ce n'est pas gentil. C'est horrible d'autant plus qu'il est quelqu'un d'absolument civilisé, ouvert, intelligent et chaleureux.
Oui, Charles Louis La Salle est un artiste. Mais à mon avis, il est avant tout un illustrateur. Et j'ai peu d'affinités avec ce qu'il fait, allez, c'est dit, mais j'ai quand même sympathie et chaleur, et il a sa place dans l'histoire... c'est difficile à contester.
Sa rencontre avec Aragon a été forte, elle a embelli les jours du poète de plus en plus assombri l'été à la résidence du Cap Brun.
Elle lui a fait écrire des choses enflammées.
Il représente la liberté, la force de l'individualité, un goût de l'espace. Et la volonté de reconnaître une sensualité.

Vincent Courdouan



Vincent Courdouan est mon peintre toulonnais ancien de très loin préféré (bien que l'ancien élu à la culture du Front National, de sinistre mémoire, ait écrit sur lui).
Il a excellé dans la technique (Gustave Doré n'a rien à lui envier, et je ne dis même pas ça par cynisme !), et su porter les techniques maîtrisées de son époque, les thèmes à la mode, à un niveau d'expression personnelle qui définit la grandeur.
Pas besoin de servilité chez lui, il a même été l'un des premiers conservateurs du Musée de Toulon sans pour cela faire d'effort, et par là développé une sociabilité que certains pourraient qualifier de mondaine dont on trouve encore des traces dans les mémoires.
Le Combat du Romulus (il est bien restauré et exposé au Musée de Toulon) est un des naufrages, en peinture, qui dépasse l'archétype. Dommage que je n'aie trouvé qu'une mauvaise reproduction. J'adore, d'autant plus que je vais souvent me baigner à cet endroit (qui n'a pas tant changé que ça depuis !).
Il a énormément peint l'Algérie, également, sans pour autant faire partie des orientalistes.
Encore un rapport au paysage, aux impressions premières, à l'ubiquité méditerranéenne, à l'individualisme et l'universalité.

Paulin Guérin


Non seulement j'ai peu de goût pour le classicisme (tous les classicismes), mais en plus Paulin Guérin m'apparaît comme l'archétype d'un conformisme (à un tel point que je pense qu'il y a certainement dans sa démarche quelque chose d'ultra conservateur et même servile qui préfigure, un siècle avant, le vote Front National d'un quart de la population toulonnaise). Mais que voulez vous, un fils de serrurier doit trouver tous les moyens pour survivre, y compris celui de n'exceller que dans le portrait de ceux qui ont les moyens et le besoin de se le faire faire...
Il y a par contre un truc drôle avec lui : si vous allez à Baltimore, le Christ mort de la Cathédrale, c'est lui (il a même eu des médailles pour ça, le pauvre : ça me confirme ma méchante opinion).
Pire encore, c'est Louis XVIII, dont il a fait le portrait, qui a offert le Christ de Guérin à Baltimore. Art officiel, donc, et en plus, la Cathédrale de Baltimore a été la toute première du Nouveau Monde. Officiel, peut-être, mais prêt à traverser les mers et créer de nouveaux mondes. Dommage que pour se donner la chance de cela il faille se réfugier dans un conformisme.

Alain Diot


Solide et original gaillard, Alain Diot (d'ailleurs Herrero a écrit sur lui et ils ont ensemble parlé d'art et de rugby jusqu'à l'ambassade d'Australie). Il a poussé entre Saint Mandrier et Toulon, il s'est installé à Saint Maximin, je crois. Il a fait de tout, mais on le reconnaît toujours, et avait en commun avec les rugbymen d'être capable de puissance et d'une délicate sensibilité en même temps.
Ce qui m'amuse en le plaçant ici, c'est qu'il a des points communs avec Magali Latil.

mercredi 4 juin 2008

Magali Latil


C'est incroyable comme Magali Latil est une dessinatrice - une sorte de dentellière de l'espace.
Elle arrive à donner à voir et ressentir quelque chose qui pour moi relève de la féminité réelle - non pas des archétypes féminins, mais la sensibilité féminine.
Pourtant, elle donne forme aux mouvement - je les ressens comme des mouvements souples du corps lorsqu'il réagit dans l'espace, prenant en compte le vent, la chaleur, la présence d'autre corps, l'incongruité de se sentir exister.
C'est un travail rare, fragile, mais qui existe sans discussion.
D'ailleurs, depuis des années je pense à Magali Latil, et je suis tout étonné d'avoir réussi à assembler des phrases qui me semblent décrire ce qui se passe dans ce qu'elle fait.

Didier Demozay


Simplicité, couleur, lumière.
Didier Demozay est aussi discret que ses travaux sont clairs, fermes et sans ambiguités, emprunts de puissance et d'énergie naturelle.
Il vit dans le Haut-Var.
Très curieusement - cela est certainement dû à Marie Claude Beaud, époque toulonnaise, c'est à Toulon qu'il a obtenu ses premiers regards sur son travail, et la reconnaissance qui en découle.
Maintenant il est reconnu un peu partout ailleurs, et en dehors de gestes de l'Hôtel des Arts lorsqu'il puise les collections ou de l'Espace Peiresc, on ne l'y voit que peu. C'est dommage.

Georges Rousse


Il est apparu, dans les années 80, un photographe au milieu des peintres du retour à la peinture (tiens, encore un photographe).
C'est Georges Rousse.
Il dessine, aussi.
Mais son travail dépasse son cadre, ce qu'il photographie en est un état.
Il investit des lieux.
Comme on disait autrefois, il y intervient. Il photographie le résultat. Souvent, il s'agit de ruines modernes. Une vie d'après le moderne s'y dessine. Créer dans le créé, disait on (depuis, on l'agit).
J'ai longtemps suivi Georges Rousse, un peu partout en Europe - ses travaux voyageaient souvent le long de mes pas attirés par les soubresauts médiatisés de la création vibrante d'alors.
Et un soir, il m'a dit qu'il était souvent à Toulon, qu'une partie de ses travaux d'alors y avaient été initiés.
J'ai ressenti alors ce qui transpire de tout ce qui se montre ici - un rapport individuel subjectif à l'espace, la nature et le construit.
Ressentir l'esprit des lieux et leur donner de l'esprit.

ivan M.


Il fait des formes d'où surgit la lumière. Il s'appelle M., et je ne peux pas m'empêcher, dans le rapport que j'établis à ce qu'il fait, de parler de M. (le musicien) parce que dans ma tête il y a un parallèle qu'il comprendra (?) M. est le fils de Louis Chedid (j'aime M, mais Louis Chedid est de ma génération et en a écrit quelques grands sons), et je vouais une passion à Andrée Chedid, la mère de Louis (donc la grand-mère de M., le chanteur, pas l'auteur de sculptures lumineuses). Andrée Chedid est l'une des plus grandes poétesses de langue française (elle est libanaise, et les méditerranéens illuminent le français avec un élan unique, symbolique, élégant et fort). Ces mots, certes couverts, sont pleins de parallèles.

ivan M. fait des luminaires justement uniques, symboliques, élégants et forts, avec un vocabulaire issu de relectures modernes des grands mythes et images de Méditerranée. C'est ainsi que je le vois, du moins. Ses oeuvres sont singulières et n'appartiennent qu'à son élan propre. Elles se situent cependant à mes yeux dans une continuité, des rêves, des utopies et une volonté de partager la beauté qui nourrissent une bonne partie de ma vie depuis qu'un jour de 1978 à Toulon j'ai porté mes pas dans une étrange vallée, entre de raides et sèches collines où deux yeux noirs, lumineux, justement, m'avaient un air déjà connu et jamais vu sur le continent.

Les sculptures de lumière d'ivan M. conjuguent à mes yeux un ensemble de verbes où se croise le don de la force, le respect des mythologies, qu'elles soient personnelles ou issues de la lecture d'histoires dans l'histoire. Il y ajoute l'humanité d'une lecture autre de l'éclairement.

mercredi 21 mai 2008

Guy Thouvignon


Guy Thouvignon est une énigme, comme beaucoup de photographes, et il y a beaucoup de photographes à Toulon (mais je crois que je l'ai déjà dit, non ?).
En fait je crois qu'il est un photographe de mode (mais que penserait-il de cet ukase).
Ses photos sont souvent froides, glacées, à l'opposé de ce qu'est sa présence personnelle. Je crois que l'on ne connaît qu'une très petite partie de ce qu'il fait.

Chantal Teyssier


Elle n'habite plus Toulon, mais y a vécu de forts moments, elle est réfugiée aujourd'hui au pied des Pyrénées, dans un endroit comme je les aime vraiment.
Elle résiste, persiste, à y faire ce à quoi elle croit : des documentaires sociaux, des médias où le public est la source.
C'est d'abord une amie très, très chère, que je vois trop peu.
Exception : voici deux photos d'elle.
Elle est sur l'une (non, elle n'est pas une chèvre, donc c'est l'autre).
Je crois qu'elle est une grande photographe; je crois aussi qu'il faudrait un jour que je trouve le temps de le faire savoir à quelques personnes pour qui cela compterait.

mardi 20 mai 2008

Marie Lyne Costantini


Je ne sais franchement pas ce qui se passe avec Marie Lyne Costantini.
Un style régulier, un savoir faire, une constance, des sujets, et très peu de reconnaissance.
Certes le travail matiériste peut parfois lasser tant il est ici présent.
Mais à ce niveau là, on pourrait attendre plus.
Peut-être faudrait-il qu'elle cherche à laisser écrire sur elle... pourtant, deux regards suffisent à convaincre.

Sylvie Gérard


C'est une voyageuse, et en se posant à Toulon elle apporte un bout d'Afrique, intériorisé, qui sonne vrai.
Elle allie naïveté et sophistication, croisement de vocabulaires et langages mêlés.
En ce moment, elle va dans des directions qui rejoignent parfois mes exigences : séries de poches de plastiques égrenant les billets de train de voyages répétés, chaque billet se dégradant différemment, racontant une histoire.

Colette Chauvin


Oui, surprise, je respecte, admire et aime Colette Chauvin. Vous avez certainement remarqué qu'il manque ici un pan complet de la peinture toulonnaise (celle qui se vend pourtant extrêmement bien, même au Japon et aux Etats Unis).
Que voulez vous, ce site est subjectif.
On n'y trouve même pas Germaine Parano, dont l'oeuvre avait fait scandale dans "Support Surfesses" - d'ailleurs Madame Baboulène s'était fendue d'une lettre pour exprimer toute sa révolte. Je peux le dire aujourd'hui, Germaine Parano et ses serpillières serties de liquide à vaisselle militant pour l'égalité, c'était moi, et je n'ai jamais fait d'autres oeuvres.
Mais revenons à Colette Chauvin. Elle, elle en fait, des oeuvres.
Que certaines trames de sa "façon" puissent apparaître parfois surannées ne fait que me plaire.
Parce qu'il y a une recherche de réalité, de douceur et de pureté qui s'imposent.
Parce que je n'ai vu d'elle aucune oeuvre médiocre ; parce qu'aussi elle ne s'impose jamais - y compris dans ses façons de s'exprimer personnellement.
Ses oeuvres s'imposent d'elles mêmes et passent le temps en gardant le même impact.

lundi 19 mai 2008

Antoine Loknar


Il est très à part dans cette collection de personnes au travail - Antoine Loknar est, il me semble, yougoslave (je sais bien, cet espace n'existe plus). C'est bête, mais à cause de cela j'ai toujours eu envie de faire des parallèles avec Velickovicz.
Il y aurait des points communs dans l'énergie, la représentation de violences.
Et aussi dans le fait qu'il y a l'apparition de l'émotion brute, qu'il y aussi du dessin et quelquefois l'apparition d'une narration.
S'il n'y avait pas eu quelques galeries privées, dont l'Espace Castillon (jeunes gens, le phénomène est récent, si vous saviez comme nous en avons manqué en d'autres temps !), nous n'en aurions peut-être jamais entendu parler, et pourtant, oui, il appartient à notre espace.

Henry-Noël Aubry


C'est l'occasion de revenir sur deux grands tabous dans l'art : l'artisanat et le travail de commande.
Henry-Noël Aubry est mosaïste.
Difficile de faire mieux dans la symbolique historique : en Occident, le travail de la pierre touche au sacré, je ne sais toujours pas vraiment pourquoi, et les mosaïques romaines sont parmi les oeuvres les plus touchantes qui existent.
Alors, double tabou, double provocation, voici une oeuvre d'art qui est de l'artisanat et de la commande, et un clin d'oeil humoristique et chic en même temps. Ce que vous voyez ici est le sol de l'une des plus grandes chocolateries du monde, à Paris. Rare et mythique, et d'ailleurs plus connue dans le monde qu'en France. Figurez vous que c'est Henry Noël Aubry qui a réalisé cette mosaïque. Et qu'il en émane un sentiment, une grandeur atemporelle qui est un des signes de l'oeuvre d'art.

jeudi 15 mai 2008

Michel Dufresne


En fait, je regrette de ne pas m'adonner plus à la peinture, préférant généralement les jeux intellectuels incongrus dans le temps et l'espace.
Michel Dufresne fait partie de ceux qui me rappellent que ma pratique des arts plastiques est trop personnelle pour être agréable.
Comment dire ? Il peint. Bonhomme carré et sensible, je ne sais pas pourquoi, si je dois définir sa peinture, je n'arrive pas (mais je n'ai jamais été très fort avec la peinture) à me représenter autre chose que du jazz.

Serge Mikélian


Au milieu du XXème siècle, un architecte varois, moderne, a reçu le Prix de Rome. Qui s'en souvient ?
Il a rêvé - et travaillé - à appliquer la Charte d'Athènes à Toulon : de l'air, de la lumière, des circulations faciles.
Pourquoi l'a-t-on oublié ? Parce que son projet, le Port Marchand, a été réalisé n'importe comment jusqu'à devenir l'erreur qu'on sait. En fait, si vous regardez bien certains immeubles du Port Marchand, vous remarquez une qualité ornementale, des lignes pures, des orientations bien calculées vis à vis du mouvement du soleil. C'est lui.
En fait, le Port Marchand aurait dû être comme sur la maquette ici en photo : cohérence a contrario avec les voies de circulation, ouverture, cohérence avec le soleil, la mer et les vents, bassin artificiels... Confort pour tous et paysage au plus large.

vendredi 9 mai 2008

Sacha Koutseff


Qu'il ne se vexe pas : c'est le Géo Trouvetout de l'art contemporain ici. Il ne se vexerait pas parce que je l'ai déjà souvent maltraité avec ce type de réflexion.
Ingénieur (catapulteur d'avions), il a un langage poétique à lui, qu'il a toujours défendu dans toute adversité.
Il faisait des mobiles (avec le modèle indélébile de Calder, et aussi de Miro), il est moderniste, il joue avec la technologie.
Mais il rencontre profondément la sensibilité et l'esprit commun que je perçois à ceux qui créent en ayant vécu ici : un rapport aux éléments, un atypisme personnel sont parmi les choses qui le prouvent.

Pierre Tilman


Comment dire ? Pierre Tilman me manque. Je sais, il n'est pas loin (Salernes). Poète, poète contemporain, en tribu avec Robert Filliou (et là on retrouve Dechifre), balise de l'amitié dans les univers esthétiques, je suis sûr de n'avoir jamais compris vraiment tous les mondes qu'ouvrent ses petits personnages, ses mots, ces sortes de séries qu'il lance dans les airs.
Il a beaucoup publié. Il a pas mal exposé.
Pourquoi n'y a-t-il pas de grande expo sur lui (et ses amis, je ne peux pas m'enpêcher de le penser comme cela!).

Jean Pierre Le Boul'ch


Assez oublié, le Boul'ch, et pourtant c'est un grand, et pourtant il a eu sa rétrospective à la Villa Tamaris (il y a deux ans).
Le Boul'ch est un fils de Toulon entièrement formé sur place et dont les travaux n'ont pas eu de frontières, ont croisé toutes les grandes idées avec modestie et implication.
Le conservatisme qui règne ici aujourd'hui me pousse à rappeler qu'il témoigne, comme bien d'autres d'alors, qu'on peut être toulonnais et ouvert, toulonnais et connu. Avoir participé aux mouvement de recherche, de risque intellectuel.
Et pourtant ! Il a réussi à laisser une trace en tant que peintre - c'est pour moi le comble du conservatisme ! - tout en participant activement à la Nouvelle Figuration, tout en se livrant à de l'interdisciplinaire : il a fait des films, utilisé toutes les sources et matériaux possibles.
Je ne sais pas pourquoi, il me fait penser aussi à Hantaï (mais c'est une autre histoire).

mercredi 30 avril 2008

Eugène Delacroix


On oublie souvent comment Toulon a joué le rôle de point de départ et de retour de rêve de voyages. Delacroix rentrant du Maroc, y inventant la peinture orientaliste, donnant des lettres de noblesse aux carnets de voyage, y a passé le temps qu'il fallait pour "décompresser", effectuer la transition avec l'Europe, contribuant à créer cette image d'extraterritorialité - presque une insularité, une ville de bord de mer dont on a l'impression qu'elle pourrait se détacher du continent et partir à la dérive, porteuse de la décadence d'anciens rê ves coloniaux.... Nos imaginaires méditerranéens sont marqués par ce statut extraterritorial. Lorsque le bateau "la Perle" le dépose à Toulon, le 5 juillet 1832, il écrit à ses amis parisiens à propos de l'atmosphère d'émeutes qui règne dans la capitale que l'on "ferait bien d'aller au Maroc apprendre la patience et la philosophie", et, là dessus, il ne rentre pas à Paris. Il reste sur la rade quelque temps, à Tamaris principalement semble-t-il. Plus tard, George Sand lui écrira de là, aussi, semble-t-il, trente ans plus tard.
Je ne peux pas m'empêcher de citer à ce point de la réflexion une phrase de Farrère dans "Les Petites Alliées" : "tu verras, Toulon ce n'est pas la Province, c'est l'étranger, ou plutôt la colonie".

Elian Bachini


Et encore un photographe. Elian Bachini est surtout connu pour son travail sur la danse, mémoire construite avec persévérance, douceur et humour tout au long des éditions du Festival de Danse de Châteauvallon.
Mais il ne photographie pas que la danse.
Et ne travaille pas qu'en noir et blanc !
Même s'il note patiemment les mouvement des artistes sur scène, qu'il doit maintenant posséder une photothèque des plus gigantesques, tout son travail ne s'arrête pas là.
Il faut lui demander ses photos de voyage, tout spécialement celles qu'il fait en Italie, et à partir de là, faire des découvertes.

dimanche 27 avril 2008

Pascaline Richtarch-Castellani


"On danse", a longtemps dit Robert Richtarch qui partage sa vie et a longtemps partagé le moment du rêve juste avant l'oeuvre.
Maintenant, elle danse. Pascaline Richtarch a toujours créé des moments de danse personnels, inclassables, originaux, subtils et violents parfois.
Raconter l'aventure des sentiments, les chocs multiples de la mémoire, sans s'enfermer dans autre chose qu'un style personnel, la caractérise.
Autour de cela, elle a créé un vocabulaire - bien sûr, il ne plaît pas à tout le monde - certainement parce qu'il lui appartient et ne se coupe d'aucune liberté.

Les soeurs Théret


Il y a donc - deuxième allusion à ce fait dans ces pages - des photographes à Toulon.
Les soeurs Théret ont très certainement participé à ce mouvement.
Elles comptent depuis qu'elles existent parmi les portraitistes les plus respectées, dans le monde, aurais je envie de dire sans beaucoup me tromper.
Discrètes, perfectionnistes, les soeurs Théret sont aussi ouvertes, chaleureuses. Derrière leur vitrine de l'avenue Colbert, on sent la délicatesse de leur implication dans le travail du regard. Mais il y a aussi derrière cette vitrine la chaleur d'une écoute, et nombre de photographes ont su qu'ils pouvaient s'appuyer sur elles pour se faire connaître, et, parfois, tout simplement exister grâce à leur soutien.
Elles ne sont pas que portraitistes. La photo ci-contre en est un indice - je me souviens aussi de travaux sur le paysage, les rochers et la pierre de terres rurales, où je ressentais la marque humaine dans un paysage rude et beau - mais cela nous ramène à l'idée de donner l'image de la trace humaine, pas si loin du travail de portraitiste.
Elles sont le seul indice que je connaisse d'une forme de sociabilité toulonnaise cachée, enfouie dans les réseaux de l'intime, où brille l'intérêt pour la beauté de l'autre.
Mais il n'y a pas de Toulon que l'on vient pour se faire photographier chez elles.
Je suis l'heureux possesseur de cette photo - elle déménage avec moi dans les chambres que j'ai à Toulon, et j'ai eu la chance, un jour de pouvoir la choisir, chez elles, ce n'est pas un portrait mais c'est un véritable portrait, et il rend compte d'une partie pas toujours connue de leur travail.

jeudi 17 avril 2008

François Arnal


Grand bonhomme, François Arnal. Fils de viticulteurs valettois, j'ai du mal à m'habituer à l'idée qu'il soit né en 1924 - il est exposé avec constance. Il y a longtemps que rien n'a été fait autour de lui à Toulon. La série dont est extraite cette image est nommée "Carrés magiques", c'est une référence à Klee. Catherine Millet lui a consacré un très grand texte, dont je retiens une phrase : "ne pas occuper l'espace, le traverser"; c'est cependant un texte moins connu qui pose ce que je préfère : "l'émotion en temps réel". Il a toujours eu une maison au Pradet, dont la nature environnante porte des traces de son travail.
Il a toujours su se situer dans le mouvement planétaire (à l'époque des "mouvements", il a participé au développement des notions d'abstraction lyrique, en évitant l'emphase, et d'art informel. L'un pourrait bien être l'antidote de l'autre, et son art se suffit à lui même. Il a beaucoup voyagé, ses travaux voyagent beaucoup, comme en retour.
Ce carré magique a un nom : "Faiseur d'emmerde".

mardi 15 avril 2008

Corinne Battista


Elle travaille sur la vie quotidienne, les souvenirs, la mémoire. C'est une recherche qui mêle photographie et travaux plastiques, entre narration et distorsion consciente du réel, subjectivité décrite, émotion transmise et sens social déplié.
Ouverte et voyageuse, elle s'intéresse à la narration et à l'écriture, mais elle a appris ici et vit ici.
Je me dis parfois qu'elle prolonge la figuration narrative, qu'elle a des points communs avec ce que Giacobazzi a induit dans la mémoire toulonnaise.
Cela va bien sûr ailleurs et au-delà.

mardi 1 avril 2008

François Nardi


Il a été de son époque tout en s'adaptant aux besoins conservateurs du public local. François Nardi me semble être une joyeuse exception de modernité adaptée.
C'est un des rares peintres restés provinciaux sans rester provençal, dans ses techniques et ses visions circulent tous les grands vents du moment où il a vécu - il est mort une année symbolique, 1936.
Modernité et respect de cultures populaires. Cette toile n'est pas la plus époustouflante (d'autres ont la force de Signac sans ses maniérismes), mais elle me permet d'aborder la présence de l'italianité à Toulon, ni ouvrière ni d'immigration, mais d'échange.
Oui, Nardi a peint tranquillement des paysages vénitiens comme il a vendu des vues du Cap Brun, des vues toujours domestiques, comme si derrière les fenêtres on n'oubliait pas de faire dignement la sieste.
Giacobazzi prolongeait 50 ans plus tard cette réalité géographique : il avait une galerie vénitienne, des amis vénitiens, qui vous reconnaissaient avec plaisir dans la rue en se souvenant, et en connaissant la culture ouvrière seynoise. Et avec respect, s'il vous plaît, comme même les seynois n'en sont déjà plus capables.

Giacobazzi


Giacobazzi (Jean-Pierre, la génération suivante est en train de monter !) est emblématique. De l'ouverture d'esprit, d'abord, d'une façon de se situer dans l'histoire. Ses images ont toutes pour conséquence de prouver l'existence d'un "bonheur du métissage" tout à fait toulonnais, sans pour autant en oublier de décrire les difficultés de l'immigration. I
l m'est même arrivé de passer une nuit dans un tableau de Giacobazzi : dans mon compartiment du train Strasbourg-Milan-Rome, monte une toute vieille dame tout en noir, toute ridée, poussée dans le wagon par trois jeunes et forts fils, qui l'ont ensuite entourée d'une dizaine de cartons numérotés, direction : Naples. Elle m'a réveillé toutes les heures pour compter avec moi chacun des cartons.
C'est de la figuration critique, non ?

Gilles Clément


Un autre auteur de la Vallée de Châteauvallon, dont les travaux restent, eux aussi, à continuer. Il a en quelque sorte repris le flambeau d'Henri Komatis, qui avait dit dès le départ que le meilleur sort de ses oeuvres et constructions serait d'être un jour noyées dans la végétation.
Pas loin de Toulon il a aussi créé ce que je considère comme son principal jardin : le Domaine du Rayol. Il n'aime pas qu'on situe son travail dans l'art et revendique le mot de jardinier, ce que je trouve être une posture d'artiste, justement. Entre jardin planétaire et un goût pour arriver à faire vivre sur la même terre des plantes à première vue incompatibles, aujourd'hui il se déploie dans le politique, ça me rappelle une phrase de Leonardo Sciascia sur la "ligne du Palmier, qui pousse tout le long de la botte italienne et se développe en Europe..."

Henri Komatis


Je regrette de n'avoir jamais pris le temps de terminer un travail un tant soit peu sérieux sur Henri Komatis. Je crois que Simone et Henri Komatis comptent parmi les premières personnes que j'aie rencontrées en arrivant à Toulon - milieu d'après midi en juin, Henri sculptait les créatures de l'escalier, Simone lui tenait compagnie, je me disais qu'il y avait quelque chose de Corse dans cette vallée en pleine ville.
J'ai retrouvé à travers lui l'écho de toutes mes mythologies méditerranéennes, et j'aimais beaucoup l'écouter, sans forcément répondre.
Il était aussi un peintre moderne, constructiviste dans l'utopie collective. Il est un des très rares cas d'artiste mangé par son oeuvre (je connais bien d'autres travaux de lui qui construisent de ce qu'il faisait une image plus complète). Décidément, il faudrait que je mène un jour à bien un travail sur et autour de lui, car avoir pour matériau une valée habitée pour les rêves des autres, c'est trop fort our un seul homme !

Philippe Maillard


Il est d'une autre génération que la mienne. Il semble d'ailleurs que celle là a plus de difficultés à faire parler d'elle. C'est un beau et joyeux travail, qui pose la question de la modernité et de la post-modernité. Nous attendons d'eux qu'ils nous surprennent, lorsqu'ils le font la reconnaissance leur est rarement accordée. Mais très souvent, ils semblent raconter une histoire moderne, ont l'allure de l'innovation tout en racontant une innovation passée. En tous cas, il y a de l'humour, de l'élan et une grande qualité de travail chez ce jeune homme.

dimanche 30 mars 2008

Bru



Un univers extrêmement personnel, original et cultivé. Grave, d'une tonalité un peu dramatique.
J'ai toujours été un peu impressionné par Georges Bru, même s'il achète ses journaux au même endroit que moi et qu'il conjugue gentillesse et simplicité.
Ajoutez à cela une dose d'humour, de réflexion, de générosité et de ténacité...
Comment dire l'étrangeté de ses univers alors même qu'ils sont familiers, le sérieux des ombres dans lesquels il vous fait pénétrer.
Je sais que je suis un peu ridicule en livrant ici quelque chose d'immodeste qui ne lui conviendrait certainement pas, mais il y a dans ce qu'il fait un mélange de Topor et de Goya (qui n'appartient qu'à lui!).

Jean-Marie Cartereau


J'ai toujours eu une sensiblité particulière pour ce que fait Jean Marie Cartereau. J'aimais particulièrement des "cartographies" singulières dont je n'ai pas trouvé les images.
Couleurs, reliefs, territoires inconnus.Il y a dans son comportement de la douceur, de la précision, et rien de ce qu'il fait n'est classable.
Discret, ouvert, les pieds sur terre, il faut certainement partie de la confrérie des dessinateurs, avec tous les sortilèges que cela entend.

jeudi 27 mars 2008

N+N Corsino


D'accord, ils sont ancrés à Marseille, qui n'est pas Toulon. Mais lorsque j'étais à Châteauvallon, travailler avec eux pour développer leur travail était une source.
Il n'y a jamais de hasard, j'utilise le mot ancré en résonance avec leur "navigation". Il n'y a jamais de hasard parce que N+N sillonnent le monde en y puisant et en y versant un rapport aux corps, un rapport du corps aux événements, une réflexion devenue physique en harmonies dynamiques. Dans l'installation chorégraphie dont voici une image, ce rapport au monde est visible, aussi.

lundi 24 mars 2008

Léopold Trouillas


Il y a des photographes à Toulon. On le doit aux soeurs Théret, on le doit à eux mêmes, on le doit aussi à Léopold Trouillas, photographe lui-même et portraitiste, comme les soeurs Théret. En général, il est souriant, observe et écoute, comme beaucoup de photographes. Il réunit, pour le plaisir de réunir, il accompagne, pour le plaisir d'accompagner. Ce sont là certainement des qualités d'observateur; j'ai choisi de lui la photographie qu'il a faite d'une autre oeuvre, une fleur de Solange Triger, parce que cela me semble définir quelque chose dans sa démarche d'utiliser son regard pour montrer l'autre, en prenant le risque d'exprimer par le regard l'aventure tranquille des sentiments constructeurs.

Jean-Noël Laszlo


Il a toujours tenu une place à part, tenace, apparemment silencieux et au centre d'échanges indélimitables d'un point à l'autre de la planète. Il ne se souvient peut-être pas de l'image de ce crayon, un ancien dessin (?) de lui qui circule toujours en Hongrie. Il a quelque chose de secret et révolutionnaire.

dimanche 23 mars 2008

Le génie populaire



Les lignes parfaites, les modernes l'ont dit, naissent d'une créativité équilibrée entre la nécessité et la gratuité, l'élan intérieur et l'adaptation aux contingences, du travail et du climat, notamment. Et quelquefois il n'y a pas d'auteur - d'ailleurs, l'auteur d'une ligne parfaite devient rapidement la propriété de tous... du moins la partie de lui qui a donné au monde une création qui se met à voyager sans lui ! Le pointu n'a pas d'auteur, en même temps, il suffit de regarder autour de soi pour en connaître quelques-uns.

samedi 22 mars 2008

Joseph Vernet


Ce n'est pas entre 1978 et 2008, et il n'y a plus de peinture officielle aujourd'hui (quoique...). Mais Joseph Vernet, Vincent Courdouan sont des artistes qui témoignent d'un rapport à la lumière et au concret, eux aussi. Joseph Vernet était un peintre officiel et entretenait des rapports avec le politique sur lesquels on pourrait gloser aujourd'hui; reste que sa perception du paysage et de l'activité humaine sont plus visibles que jamais.

José Mange


Ce n'est pas ma génération, ni ma tasse de thé, certes. Mais il y a certainement dans le regard qu'il a laissé quelque chose de fraternel avec ce que j'aime aujourd'hui et que j'ai aimé hier dans ce qui se crée ici.

mercredi 19 mars 2008

Le Corbusier


Le Corbusier à Toulon, au Pradet, plus exactement. On en parle peu, de cette villa construite en 1929, parce qu'elle est toujours habitée (et à louer pour le tourisme, entre 600 et 1200 € la semaine selon la saison) ! Elle a été refaite il y a quatre ou cinq ans, et pas trop mal.
On pourrait pourtant y constater que pour la première fois, le Corbusier établit avec la nature et de paysage des rapports de fusion, aux antipodes de sa démarche habituelle, mais pas incohérents avec elle (la Cité Radieuse de Marseille est posée sur de fins piliers pour que l'on puisse faire du sport dans l'herbe en dessous !). Murs de pierre locale, ouvertures destinées à découper des paysages qui jouent avec la ligne de la mer...
Cette villa, pas anecdotique et qui renseigne sur l'état d'esprit réel de l'architecte, est un secret bien gardé, partageons le.

Sophie Menuet



C'est l'une des rares artistes à Toulon qui se soit lancée dans des travaux à la fois fins et iconoclastes, qui s'étendent dans l'espace, utilisent tout le vocabulaire contemporain et personnel qu'un artiste puisse requérir. Sans s'enfermer dans quoique ce soit.

mardi 18 mars 2008

Annie Pascal


Je vis avec un grand dessin d'Annie Pascal depuis 1984; c'est un dessin, mais jamais un dessin n'a jamais autant pris la forme d'une peau qui s'arrache, les étincelles de coups de griffe. Annie Pascal ne fait pas assez parler d'elle.
Mais on peut toujours demander à voir les pièces que les collections publiques conservent d'elles, au Musée de Toulon bien sûr, au FRAC de Reims...

Rudy Ricciotti


Sans frontière dans le temps ni l'espace, avec une langue entre Lacan et Coluche, Ricciotti n'a jamais déçu et toujours lancé les risques les plus pertinents.
Abstrait, universel, joueur et sérieux, identitairement concret aussi, il est de plus en plus difficile d'évaluer la taille de l'apport qu'il fait à l'architecture... et au reste : à l'association pour la "défense de la pétasse provençale" (un élément de notre patrimoine dont je suis d'accord avec lui qu'il doit être protégé), aux constructeurs capable de s'attaquer au " trou du cul du monde" (sic et resic : c'est ainsi qu'il a nommé le lieu le plus problématique de sa construction la plus dingue, à Vitrolles, et qui a connu un triste parcours.
D'ailleurs, mais c'est un autre sujet, ce qui s'est passé là est exactement le scénario qu'a vécu l'avant garde des années 30 mise à mort par les nazis, voir les livres de Jean-François Palmier).
Envie de mettre deux photos, mais il faut quand même respecter les règles.

lundi 17 mars 2008

Farid Boudjellal


Oui, oui, de la bande dessinée ! A la première rencontre avec Farid Boudjellal (que j'ai connu avant son frère, ce qui contribue à ne pas me rajeunir, et aujourd'hui il ne doit plus se souvenir de moi, son frère toulonnais, par contre, oui), je me suis dit que ce garçon tenait entre ses mains une bonne partie de "notre histoire", "notre culture", et puis beaucoup de sensiblité, de culture et de gentillesse. Il venait de sortir "L'oud" que je considère comme un pilier de bibliothèque et un témoignage rare.
J'aurais voulu d'ailleurs mettre ici une image de l'Oud, mais la couverture de "P'tit polio" me semble résumer une bonne partie de ce qu'il veut exprimer.

samedi 15 mars 2008

Plagnol


On n'y peut rien, le nom de Serge Plagnol est là. Plus le temps passe, plus je trouve dans ce qu'il fait un rapport à la lumière et à la végétation qui bougent au plus profond le rapport entre le corps et son environnement, l'existence en soi.